PEI partiellement espacé et PEI totalement espacé
PEI partiellement espacé
Les crêtes flottantes sont des hyperplasies muqueuses non adhérentes à l’os sous jacent. Difficiles à enregistrer, ces zones molles et dépressibles risquent d’être déformées et déplacées par les techniques classiques de prise d’empreinte fonctionnelle (fig, 21). Elles sont essentiellement défavorables à la sustentation des prothèses complètes et sont donc justiciables d’une exérèse chirurgicale chaque fois que l’état de santé du patient le permet afin de retrouver, après cicatrisation, une fibromuqueuse saine bien adhérente à l’os. Dans les cas où ces lésions sont inopérables pour des raisons d’ordre médical, une technique d’ empreinte mixte est indiquée. Elle permet de tenir compte de la dualité tissulaire des surfaces d’appui prothétique.


Sur un modèle primaire, issu d’une empreinte mucostatique au plâtre, la zone désinsérée ou flottante est parfaitement délimitée par le clinicien (fig. 22 et 23). Cette délimitation s’effectue en présence du patient afin que le repérage de cette limite en bouche par palpation soit en parfaite concordance avec celle tracée sur le modèle. Une zone de décharge circonscrivant la zone désinsérée est alors tracée en débordant d’environ 1 mm sur la fibromuqueuse bien adhérente à l’os (fig. 22 et 23). L’épaisseur à donner à l’espacement est fonction du volume de la crête flottante. Celle-ci correspond à l’épaisseur d’une ou plusieurs feuilles d’étain qui sont découpées suivant le tracé établi.


Le PEI est ensuite conçu de façon à être ajusté dans les zones où la fibromuqueuse est saine tandis qu’il comporte une zone de décharge permettant à l’hyperplasie muqueuse de reprendre sa place sans contrainte au niveau de celle-ci lorsque des pressions sont exercées par l’intermédiaire du PEI (fig. 25). La crête flottante peut ainsi être sélectivement déchargée avec l’utilisation d’évents grâce à une technologie d’empreinte fonctionnelle adaptée. Certaines zones d’appui très localisées recouvertes par une muqueuse fine et fragile doivent également être parfois déchargées comme, par exemple, une crête édentée en lame de couteau, une saillie osseuse, une ligne mylohyoïdienne proéminente, un torus ou une suture intermaxillaire prononcés. Dans ces cas particuliers, une simple application de cire à la spatule au niveau de ces reliefs atypiques permet de créer un espacement suffisant pour ne pas occasionner une compression nocive au niveau de ces zones.

PEI totalement espacé
Il est indiqué dans des situations cliniques où des technologies spécifiques d’empreinte sont à envisager. Les limites sont les mêmes que pour un PEI ajusté mais, à la différence de celui-ci, il est réalisé après qu’un espacement calibré ait été interposé entre le modèle et la plaque base du PEI. Ce dernier peut présenter ou non des butées d’enfoncement. Pour un cas maxillaire excessivement résorbé, avec un palais plat, peu profond et présentant une fibromuqueuse saine et adhérente à l’os, une empreinte compressive sous pression contrôlée ou « occlusale » du patient s’apparentant à la technique décrite par FRIPP, peut trouver une indication majeure. Sur un modèle issu d’une empreinte mucostatique, une plaque d’espacement de 4 mm, constituée par l’épaisseur de deux feuilles de cires calibrées, est découpée légèrement au delà des limites du PEI (fig. 26). La plaque base en résine est alors classiquement réalisée et présente donc la particularité d’être totalement espacée du modèle (fig. 27). Lors du réglage en bouche du PEI, la cire d’espacement reste toujours solidaire de l’intrados du porte empreinte (fig. 28).



Dans les situations cliniques consécutives à des tumeurs bénignes ou malignes des maxillaires ou alors dans les cas de fentes vélopalatines, les surfaces d’appui chez l’édenté total peuvent s’avérer tourmentées et fragiles. Un PEI totalement espacé avec des butées d’enfoncement est construit (fig. 29). La situation de celles ci est judicieusement déterminée en regard de zones d’appui fermes de façon à réaliser au minimum un triangle de sustentation satisfaisant.

Conclusion
Dans cette partie, nous avons défini les critères standards auxquels doivent répondre les PEI dans la majorité des cas cliniques susceptibles d’être rencontrés en pratique courante. L’élaboration de PEI particuliers suivant des critères spécifiques ont été également précisés pour prendre en compte l’importance de la résorption, l’état des surfaces d’appui et le choix de la technique d’empreinte. Les PEI, construits au laboratoire, doivent ensuite être réglés en bouche pour qu’ils deviennent physiologiques et permettent ainsi l’élaboration d’empreintes fonctionnelles dans les meilleures conditions.
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